Avec 2,8 millions de voitures vendues l’an dernier, le groupe PSA Peugeot-Citroën pourrait s’estimer heureux de sa situation. Même si les ventes asiatiques sont croissantes, le déclin du marché européen ne satisfait pas Carlos Tavares, nouveau dirigeant du constructeur français. Celui-ci a présenté un plan de retour aux bénéfices, Back in the race, orienté vers une stratégie à moyen terme qui recentrera chaque marque du groupe et en abandonnant certains modèles peu rentables.
Ce plan quinquennal sera décliné sur plusieurs fronts. D’une part, le groupe PSA se déclinera en trois marques bien distinctes de véhicules : Peugeot et la haute qualité ; Citroën pour la simplicité de ses autos ; DS qui devient une marque de haut de gamme à part entière (actuellement une simple gamme de Citroen).
Plus surprenant quand les constructeurs choisissent de créer des niches et tenter de trouver le succès, PSA préfère se recentrer sur l’essentiel, ce qui fonctionne : sur 45 modèles commercialisés aujourd’hui, seuls 26 seront conservés d’ici 2020. Alors quels modèles seront concernés ? Aucune annonce officielle n’a été dévoilée, on peut donc y aller de nos suppositions.
Certaines autos se concurrencent directement et se cannibalisent même, à l’instar des soeurs jumelles 107/108 et C1. Une plateforme très commune pour convenir à un seul type de clientèle. On peut donc logiquement imaginer que les toutes nouvelles Peugeot 108 et Citroen C1 ne laisseront place qu’à une seule des deux citadines, parions sur la seconde pour son positionnement d’entrée de gamme.
La 208 est un succès commercial important et on n’imagine pas voir disparaitre cette catégorie du catalogue Peugeot. Elle prend largement le dessus sur la Citroen C3, peut-être abandonnée dans le futur. L’équivalent « haut de gamme » DS3 pourrait être conservé, tant l’image de marque est forte et a attiré des clients qui se seraient tournés vers une Fiat 500 ou une Mini.
Le petit crossover urbain 2008 est très proche de la nouvelle 308. Elue plus belle voiture européenne de l’année 2014 et avec son positionnement stratégique, la compacte serait difficile à éliminer. Exit donc le petit SUV qui n’est pas destiné à être vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Certainement le même destin pour le C3 Picasso qui pourrait se voir abandonné, au même titre que la Renault Modus.
Si la DS4 est joliment dessinée par rapport à la variante Citroen C4, le faible nombre de voitures en circulation pèsera certainement dans la balance lors du choix. La C4 se vend mieux mais sera toujours en retrait face à la 308, plus agréable à l’oeil et plébiscité par la presse spécialisée. Attention cependant à la nouvelle 308 break SW, l’ancienne version n’était pas un exemple de réussite commerciale.
Succès en terme de ventes, le Peugeot 3008 devra être réellement restylé pour mériter de rester dans la compétition. Son récent facelift est une farce pour oser vendre un « nouveau 3008 », il faudra un peu plus d’efforts la prochaine fois.
Le monospace C4 Picasso se vend comme des petits pains, il semblerait impensable de ne plus pouvoir en acheter. Par contre, la Peugeot 5008 pourrait laisser son siège pour profiter à la meilleure concurrente du Renault Scenic.
PSA pourrait abandonner le 4×4, que signifient les Peugeot 4008 et Citroen C4 Aircross quand le cousin Mitsubishi ASX fait mieux pour beaucoup moins cher ? Et soyons honnête, ça ne court pas les rues.
La Peugeot 508 et la Citroen C5 sont deux berlines méritantes, il faudra certainement repositionner ces deux modèles pour les différencier plus franchement qu’aujourd’hui. A son avantage, la DS5 est réellement décalée et séduit une clientèle moins attachée aux standard de la berline traditionnelle.
La Citroen C6, certes bourrée de qualités techniques, ne mérite pas son bide commercial mais ne devrait certainement pas se voir offrir une seconde chance, tenant compte du repositionnement des marques du groupe PSA. Peut-être avantageusement remplacée par la DS 5LS ?
Un peu OVNI et appréciée pour ses courbes, la Peugeot RCZ plait mais pourrait gagner de la notoriété en passant sous giron DS. Sportivité et finition seraient améliorés, au grand bonheur de ceux qui lorgnent vers l’Audi TT sans pouvoir se l’offrir.
Ecartons rapidement les Peugeot 807 et Citroen C8, ces monospaces dont personne ne veut et qui n’ont pas été choyés depuis leur sortie il y a plus de dix ans.
Les véhicules utilitaires sont aussi à remanier, entre les Partner / Berlingo et Boxer / Jumpy qui n’apportent rien si ce n’est une concurrence inutile. Autant se réunir pour mieux résister au Kangoo.
PSA souhaite donc abandonner des modèles qui ne rencontrent pas un succès commercial suffisant pour se concentrer sur le segment compact, officiellement plus rentable mais serait-ce aussi l’aveu que la concurrence est très, trop rude sur le haut de gamme ? Peugeot n’a jamais réussi à égaler les berlines allemandes et encore moins les déclinaisons SUV et coupé de chez Mercedes, Audi et BMW. Entreprise bicentenaire, Peugeot s’était essayé aux tracteurs, aux moulins à poivre, aux bicyclettes avant de se concentrer sur l’automobile.
Cette nouvelle stratégie est ouvertement orientée vers le marché international, essentiellement tourné vers la Chine avec le récent partenariat avec Dongfeng, où PSA compte bien tripler ses ventes dans les prochaines années.
Le communiqué officiel de PSA peut se lire sur cette page.